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Le petit glossaire des jobs...

Troisième et dernière partie.


Voici la suite et fin du petit tour des métiers propres à ce petit pays.


- Personnel de maison :

Ce terme n’est absolument pas péjoratif et, de surcroît, n’est pas réservé aux nantis. À Maurice, il est d’usage d’employer au minimum une femme de ménage ; une nounou qui occupera chaque après-midi votre jeune marmaille sortie de l’école à 14:00 grand max ; un pisciniste si vous avez une piscine ; un jardinier si vous avez un jardin ; un gardien parce qu’ici tout se garde ; un cuisinier si vous manquez de temps… ou que vous voulez vous la péter ; un chauffeur si vous avez du temps, mais que vous souhaitez définitivement vous la péter !

Il s’agit en réalité de faire fonctionner l’économie locale, de participer à la vie sociale et d’alimenter la chaîne de l’emploi. On comptabiliserait plus de 23000 employés de maison enregistrés sur l’île, ça vous en dit long sur le chiffre concernant ceux qui ne sont pas déclarés.

On se met d’accord avec chacun sur la fréquence de passage, le nombre d’heures hebdomadaires nécessaires, le salaire et tous les avantages induits, et surtout… sur les tâches précises à accomplir !


Il faudra, par exemple, bien expliquer à votre jardinier ce qu’il doit couper, conserver et comment orienter l’arroseur, si vous n’avez pas prévu de laver les carreaux de la maison en même temps. Ainsi qu’au pisciniste la nécessité d’un petit test PH de temps à autre pour être certain de ne pas assister très vite aux championnats mauriciens de natation synchronisée des Batraciennes en Folie. Non, non, je n’exagère pas, tout ce que j’écris a été vécu, bann kamarad !

Aussi, vous devrez enseigner à votre aide-ménagère la différence entre l’éponge de la cuisine et celle de la salle de bain, pour éviter de se demander si celle qui astique vos casseroles ne sert pas aussi dans la cuvette de vos toilettes. De la même façon, un coup d’aspirateur ou tout au moins de balai sera exigible avant tout passage de serpillère, parce qu’ici, dans tous les esprits… si c'est mouillé, c’est que c'est lavé, bonhomme ! L’étalage du sable et de la poussière sous la Vileda ne choque vraiment personne, vrai de vrai ! Et bien sûr, règle de base mais apparemment pas si évidente, rappeler qu’un tapis se soulève, et non se contourne. C’est du vécu, j’vous dis, et je vous assure que parfois c’est un sketch !

Si le bouche à oreille reste le meilleur moyen pour trouver la perle rare, l’ensemble de la profession des « gens de maison » est régi par des contrats de travail et fiches de paie en bonnes et dues formes, ainsi qu’une règlementation spécifique. Par exemple, si votre fée du logis habite à plus de 3 km de votre domicile, vous devez lui assurer le transport gratuit (aller la chercher et/ou la ramener, par exemple) ou l’équivalent du prix du bus aller-retour. Ces indemnités sont contractuellement mentionnées et ajoutées chaque mois à la rémunération. Les nounous sont raccompagnées chez elles à la fin du service ou logées sur place. Tous les employés ont droit à un 13ème mois, des « pauses thé » obligatoires (avec mise à disposition de tout le nécessaire, les biscuits restant à votre convenance), une pause déjeuner d’une heure, des jours de congés au nombre de 16 dans l’année, des jours de congés maladie au nombre de 21 (cherchez l’erreur !) et une augmentation annuelle de salaire imposée par le gouvernement. La plupart de ces salariés n’ayant pas de compte bancaire, c’est en espèces (comme beaucoup de transactions des plus légales ici) qu’ils seront payés. Les taux horaires sont infiniment bas et un employé de maison à plein temps ne touche souvent pas plus que le revenu minimum de 8140 roupies (bien moins de 200€).

S’il est souvent difficile de garder sa femme de ménage ou sa nounou qui, pour une raison ou pour une autre, s’en ira sans préavis du jour au lendemain, il est à noter que bon nombre d’expatriés employant du personnel à domicile ne le déclarent pas, le paient bien en-deçà du salaire minimum, lui assignent des tâches ne faisant pas partie du deal, et peinent à le régler dans les temps ! Doit-on ensuite s’étonner ? Ce qui est certain néanmoins, c’est que la Covid-19 aura laissé sur le carreau pléthore d’employés de maison. D’abord priés de rester chez eux durant le confinement national, car n’entrant pas dans la catégorie des services essentiels, ils n’ont plus été payés. Lorsqu’ensuite ils ont pu réintégrer les maisons pour lesquels ils travaillaient, beaucoup de leurs employeurs, résidents étrangers, sont alors rentrés chez eux en Europe, en Afrique du Sud ou aux Émirats, à bord de vols de rapatriement, rompant sauvagement les contrats.

À aujourd’hui et depuis des mois, certains d’entre eux (ceux qui ne reviendront probablement plus) n’ont toujours pas réglé leurs employés ; quel désolant constat !


- Pompiste :

Ben oui, on le connaît bien aussi, celui-là ! Mais avouez qu’à l’heure de l’automatisation, les pompistes – au moins en France – se font rares, voire infiniment rares ! S’ils étaient répandus dans les années 60 et 70, ils ont peu à peu disparu dès les années 80. Eh bien ici, vous ne trouverez aucune station-service sans ses pompistes, et même que chaque pompe a son préposé en tête de gondole, tranquillement assis sur sa chaise en plastique, les narines aguerries aux délicieuses vapeurs d’essence ! Le métier de pompiste est encore un de ces vieux métiers qui perdurent pourtant ici, tout comme le laveur de voiture (voir la partie 1 de mon post), vous plongeant dans une époque paraissant si lointaine…

Je ne vous cache pas que depuis le début de la pandémie, la profession peine aussi, car même si le nombre de véhicules sur l’île est important, et la nécessité de remplir les réservoirs tout autant, un réel manque à gagner est à déplorer quant aux voitures de location que les touristes utilisent chaque année pendant leurs vacances, étant donné que pour le moment et depuis neuf mois, il n’y a justement plus aucun touriste sur le territoire.

Toujours est-il qu’être accueilli à la pompe avec un gentil sourire, se garer tranquillement là où l’on nous convie à le faire, ne pas avoir à descendre de son frais véhicule (ni pour être asphyxié instantanément par la chape de plomb extérieure, ni pour se déboucher les sinus aux effluves de pétrole ou s’en enduire les mains, ni pour aller régler), et repartir, en prime, avec un pare-brise si propre qu’aucun moustique pourvu d’un minimum de civisme n’oserait s’y aplatir… c’est tout de même bien agréable !


- Vendeurs de bord de route :

C’est LE job le plus courant sur l’île. Nos vendeurs de muguet installés tous les cent mètres depuis le petit matin jusqu’à point d’heure le 1er mai de chaque année peuvent aller se rhabiller ! Ici, c’est tous les jours que ces marchands – fixes ou ambulants – disposent sur des tables en bois ou en plastique, protégées de taules, de parasols ou de toit de canne séchée, les produits qu’ils essaieront d’écouler dans la journée.

Installés en bordure de route – de la voie rapide, hyper pratique pour s’arrêter, à la rue principale des villages, pas plus pratique… vu qu’il n’y a souvent ni trottoir ni parking ! –, les détaillants attendent inlassablement l’acheteur. Montagnes de fruits et légumes locaux, faratas, dholl purri, samoussas, gâteaux piments, jus divers, confi (fruits macérés aux épices et au piment), glaces, sorbets (Si, si, par 30° à l'ombre !) et autres spécialités culinaires dont les mauriciens raffolent. Mais aussi poissons séchés, poissons frais… bien que pour la fraîcheur, mieux vaut se rendre à Grand Baie entre 15:00 et 17:00 pour le retour quotidien de la pêche et l’authentique folklore qu’offre encore la vente à la criée. Le spectacle est gratuit, la danse des mouches aussi.

Retour sur les étals des grands chemins. Que de couleurs dans les larges paniers en osier ou les cagettes usées, que d’effluves dans nos narines, que de promesses tenues sur la qualité des produits, juteux, sucrés à souhait ! En ce moment, côté fruits, c’est la grande saison des letchis, mangues et ananas, cultivés ici. Pour quelques dizaines de roupies la livre (c’est encore cette ancienne unité de mesure qui est utilisée ici, elle correspond à un demi kilo environ), on savoure sur place ou on remplit le cabas. Pour exemple, les ananas sont proposés sur certains étalages à 25 roupies la pièce, soit environ 50 centimes d’euro, la livre de letchis, elle, est tombée à 75 roupies, soit 3 euros le kilo. Incroyable mais vrai, et surtout… excellentissime !

Évidemment, mieux vaut koz kreol pou dir : « Mo rezidan, mo pa touris ! » et payer sa pastèque au juste prix ! Vous comprendrez l’allusion si vous avez lu mon post « Bann kour kreol pou koz kreol ? Wi ! Me osi pou fer bann lekonomi ! »


Au détour d’un trajet, au coin d’une route, d’une intersection, au bord de l’autoroute, d’un champ de canne ou d’ananas, sous un flamboyant en fleurs ou à l’abri d’un palmier, vous trouverez toujours un vendeur de rue pour vous régaler.

Il y a ceux qui ont pignon sur rue et dont le stand à la structure métallique est en place depuis bien longtemps, comme l’impressionnant étal du rond-point de Forbach sur la M2, véritable mini marché aux allures de tableau multicolore d’art naïf. Et ceux qui disposent d’un emplacement sur un trottoir ou à la lisière d’un champ, et qui installent sur leurs planches, dans de larges corbeilles ou des casiers usés en plastique, des pyramides d’oignons, piments, patates, tomates, courgettes et savoureux fruits. Assis sur une chaise à trois pieds ou un vieux siège de voiture sauvé de la casse, ils pianotent sur leur portable (les mauriciens sont très connectés) s’ils sont seuls, ou bien font causette (les mauriciens sont très bavards) avec un ami venu pour l’occasion, en attendant le chaland.

Il y a ceux qui se déplacent en vieille bicyclette, à deux voire trois roues, version touk touk, et qui ont installé à l’avant ou à l’arrière une grosse caisse vitrée renfermant ananas coupés, beignets et autres gourmandises. Et ceux qui possèdent même des mini-roulottes, essentiellement postées dans les endroits touristiques et sur les plages. Et puis, il y a ceux qui placent sur un tabouret quatre ou cinq noix de coco cueillies au petit matin, une petite motte de pistaches ou une dizaine de pommes d’amour, espérant récolter quelques roupies pour acheter à leur tour de quoi manger. Ce sont aussi les mêmes vendeurs démunis au regard hagard que vous trouverez à vos carreaux au carrefour central de Port-Louis en plein embouteillage, ou même le long de la dangereuse autoroute M2, pour vous vendre quelques babioles inutiles probablement tombées d’un camion… d’ordures.

Et là, c’est l’image d’une bien dure réalité qui nous rattrape…



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