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Ces petits riens qui agacent…


Évidemment, après la lecture de mon dix-huitième post du 4 janvier faisant la part belle à la volonté d’égayer le quotidien de chacun en ces temps difficiles, vous devez craindre que l’article d’aujourd’hui, avec son titre un tantinet négatif, ne fasse retomber le soufflé d’optimisme que j’avais pris soin de vous cuisiner en ce début d’année.

Rassurez-vous, mon intention n’est pas d’écraser « ces petits bonheurs de l’existence » avec « ces tout petits riens qui agacent » notre quotidien et mettent notre patience – et notre humeur – à rude épreuve, mais plutôt de vous faire sourire.


Même si mon cerveau est en permanente ébullition, vous ne vous imaginez pas combien il m’est souvent difficile de pondre un post, de la trouvaille du thème à l’élaboration de l’article. Je veux diversifier, intéresser, limiter les sujets qui fâchent ou pourraient déclencher des polémiques, informer, séduire de ma prose un lectorat potentiel pour mes romans, détendre, divertir et amuser. De ce fait, certains de mes billets ont été faciles à rédiger, d’autres m’ont pris plusieurs jours. Écrire est un réel plaisir et représente pour moi une activité salvatrice, alors lorsque je manque de temps, que je sèche sur l’idée, ou que les mots peinent à s’aligner dans le bon ordre, je suis déroutée. Si l’on ajoute mon perfectionnisme devenu un vilain défaut, certaines semaines voient s’écouler les jours dans l’insatisfaction grandissante.


Pour le vingt-et-unième post de mon blog, je voulais quelque chose de léger, un peu comme lorsque l’on se plonge dans un roman « chick lit » * ou « feel good » **. Oui mais voilà, rien ne venait ! Alors que je tentais de rallumer dans ma boîte crânienne l’étincelle d’inspiration qui me faisait défaut depuis plusieurs jours, c’est en enfilant une paire de tongs pour sortir de chez moi que le déclic s’est produit. Connaissez-vous cette gêne lorsque vous jetez votre pied trop vite dans la claquette et qu’il ne se positionne pas exactement là où il devrait ? Mais si ! Quand celui-ci est de travers, que la lanière centrale refuse de se mettre en place entre le gros orteil et ses petits copains, et de se fixer sur l’hallux valgus. On a beau tortiller tout ce beau monde pour que chacun reprenne sa place, après deux mètres, il devient difficile d’en faire un troisième. C’est tout simplement parce que l’ergonomie de cette tatane – souvent fabriquée en plastique et caoutchouc, ce qui n'arrange rien – est spéciale. Ne me dites pas que ce n’est pas agaçant ! Et lorsque l’on veut les enlever en les jetant en avant et que les tongs ne veulent plus quitter vos pieds… on en parle ?


Alors voilà, j’avais l’idée principale, restait à faire une petite liste non exhaustive de ces petits riens qui jouent parfois avec nos nerfs.


Les « Ouvertures faciles ».

Il est impossible que vous n’ayez jamais été confrontés au problème en question ! Vous attrapez un paquet de tranches de jambon blanc – ça marche avec toutes les marques et tous les aliments conditionnés de la sorte –, vous repérez l’angle où se trouve la fameuse languette « Ouverture facile » et vous la soulevez joyeusement. Oui, parce que pour vous aider, il y a toujours le dessin d’une petite flèche censée vous indiquer quoi faire, ou mieux encore, une précision essentielle : « Tirez ici ». Merci aux designers-packaging de l’industrie alimentaire pour leur bienveillance. Comme rien ne se passe, que ça glisse et que vos doigts blanchissent à force de tirer dessus en retenant votre souffle, vous réitérez l’opération plusieurs fois parce que c’est écrit « facile » et que vous aimeriez bien comprendre pourquoi ! De plus, vous n’êtes pas plus bête qu’un(e) autre, saperlipopette ! Vous tournez le truc, constatez que les trois autres coins sont impossibles à retrousser, revenez au point de départ, positionnez l’emballage bien à plat, bien calé, et recommencez. Sans succès ! Comme ça fait bien cinq minutes (et cinq minutes c’est quand même long pour ouvrir un paquet dit facile, et donc rapide, à ouvrir), la mission commence à vous porter sur les nerfs et votre envie de jambon se fait la malle. C’est à ce moment précis que vous maudissez le fabricant de l’emballage (chez qui un gars est quand même payé pour étudier la question et tester le résultat) et avez de sérieux doutes sur ses compétences en la matière. Ou sur les vôtres… car il faut croire que vous êtes finalement bien plus bête que la moyenne ! À ce stade et si vous avez toujours une furieuse envie de jambon (ou bien rien d’autre dans le frigo), je ne connais aucune autre solution que celle de saisir un objet tranchant pour réduire à néant tous les efforts du designer qui a pondu la solution dite « facile » ! Si votre degré d’agacement est maîtrisé, c’est la lame d’un couteau qui libère proprement les tranches, aussi transpirantes que vous. Si sur l’échelle de l’irritation vous êtes déjà au dernier barreau, c’est au moyen des ongles ou des dents que vous venez à bout de la manœuvre, pensant bien souvent à tort que ça ira plus vite. Il existe un nombre inquantifiable de paquets, étuis et autres contenants présentant la même difficile ouverture facile. Avez-vous déjà, par exemple, mesuré le temps qu’il faut pour ouvrir un paquet de chocos Prince (les anciens modèle, les seuls que l’on trouve ici à Maurice) par le dessus, sans vous retourner un ongle ? Remarquez, je ne ferai pour lesdits biscuits aucun procès, étant donné que chez Lu, on n’a pas jugé bon réfléchir au sujet pour guider le consommateur. Ce dernier n’est ainsi ni mal orienté ni trompé ! Eh bien moi, j’vous le dis tout net, j’apprécie leur honnêteté, aux p’tits gars de chez Lu !


Les sachets plastiques au rayon fruits et légumes.

Là, c’est pareil, je sais très bien que vous voyez de quoi je parle ! La semaine dernière, au rayon frais du supermarché de Grand Baie, me voilà devant les pomdamour, sousou, karot, pomdeter, brinzel, pwavron (révision de vos cours de créole; lisez à voix haute et vous comprendrez) … mon sachet en plastique recyclé entre les mains, m’apprêtant à l’ouvrir pour y mettre bann fri ek legim (les fruits et légumes). Me croirez-vous si je vous dis que j’ai mis presque dix minutes (vrai de vrai !) pour y arriver ?

D’abord très calme, car je sais bien que ces contenants ne sont pas évidents à ouvrir. Puis persévérante, parce que je me dis que ce n’est quand même pas un fichu sachet qui aura raison de moi… Mais très vite irritée, car j’estime que lorsque l’on est planté au milieu du potager depuis plus de cinq minutes à essayer de décoller les deux parois si fines et soudées dudit sachet pour le remplir, en se demandant s’il n’y a véritablement pas un défaut de fabrication dans la chaîne, on commence à grogner ! À ce moment-là, j’en ai arraché une bonne dizaine, sur trois rouleaux différents, histoire de parer à l’éventuelle anomalie, mais ils ont tous atterri dans les zonion et les kokom puisque aucun ne s’ouvrait ! Incroyable, mais vrai ! C’est là que je me suis mise à rire nerveusement en me voyant ainsi, mais aussi en regardant la population grandissante autour des cagettes, qui arrivait d’abord détendue pour s’exciter ensuite très rapidement. Pour tout vous dire, sur certains étals, les produits avaient totalement disparu sous une couverture de sachets. C’est donc au bout de dix longues minutes et à force de jouer du pouce et de l’index, de frotter avec une énergie de psychopathe, de souffler sur les bords comme une yogi en pleine technique de respiration Bhastrika… que j’ai réussi ! J’aurais entamé une danse de la joie si je n’avais pas réalisé qu’il me fallait réitérer la manœuvre au moins six autres fois... excellente idée, la salade de fruits ! Ayant néanmoins trouvé « le truc », j’ai mis moins d’une minute (oui, oui, on parle de minute, pas de seconde !) pour chaque sachet. Imaginez comme j’étais fière, bann kamarad !

Le vernis sur le petit orteil.

Ou comment – pour le retirer – vider la moitié du flacon de dissolvant sur un ongle de la taille d’une tête d’épingle.

Mesdames, je vous vois sourire… je sais que l’on se comprend. Messieurs, j’ai comme l’impression que vous réalisez pour la première fois (je vous l’accorde volontiers, le sujet ne mérite pas son article dans Femme Actuelle) ce qu’implique la pose de vernis sur nos jolis petits pieds, marque suprême de féminité… pour vous plaire ! Il faut d’abord parvenir à viser le minuscule dernier ongle de chaque côté pour qu’il ait comme ses petits copains sa touche de couleur ; l’exercice n’est pas simple, rapport à la taille du pinceau ! Mais trois à quatre semaines plus tard, quand il est temps de repeindre et qu’il faut retirer la précédente couche, la manœuvre n’est finalement pas plus aisée. Tiens, je me demande si l’épreuve fait partie de l’examen du CAP esthétique-cosmétique-parfumerie. Car frotter une si petite surface avec un carré ou un disque de coton, ou même un coton-tige, requiert un certain doigté. N’est-ce pas, Mesdames ? Pour peu que votre ongle soit strié, bombé, incurvé, déformé ou quasi inexistant parce que trop petit, ladite épreuve relève de l’impossible et laissera inévitablement d’une fois sur l’autre un reste de peinture. Je n’ai jamais interrogé les copines sur leur technique (Y a quand même des conversations plus exaltantes !), mais ai tout de même du mal à croire que mon dissolvant et moi-même soyons seuls à nous exciter mensuellement sur les fameux extérius (petits orteils) !

Quand on y réfléchit, les deux pauvres petits choux (un pour chaque pied, vous aurez compris) se sentent déjà d’ordinaire si mal aimés ! Ben oui, c’est quand même eux que l’on cogne régulièrement aux pieds de table, chaises, lits, canapé, aux angles de mur et portes ; eux que l’on écrase contre le cuir de nos chaussures et autres inconfortables baskets et bottines ; que l’on oblige malgré nous à devoir monter sur leur voisin pour y trouver la seule place disponible ; eux qui sont la proie des cors, ampoules et autres inflammations ; en somme, condamnés à souffrir toute leur vie !

Bref, voyez comme je m’égare et comme l’on peut composer un paragraphe de… attendez… je compte… 25 lignes… pour remplir une page !

Bref, appliquer du vernis sur le quintus (autre terme pour le petit orteil) n’est définitivement pas une sinécure, et ça peut franchement agacer.

À ce stade du post, bien d’autres exemples – aussi débiles – pourraient venir l’alimenter, mais je tiens tout de même à conserver le semblant d’enthousiasme qui pourrait vous rester et préfère vous épargner la lecture d’un de ces articles n’ayant pour seul but celui de comptabiliser un nombre de lignes record sur un sujet d’une banalité affligeante.


Bon, allez, quelques petits derniers… pour le plaisir, bann kamarad !


Que dire des photos et images en version papier (oui, ça existe encore !) que l’on ne manque jamais de zoomer entre le pouce et l’index, ou l’index et le majeur, chacun sa technique ? De ce monde digital qui nous abrutit jusqu'à nous rendre bien idiots en nous affublant de réflexes stupides et inappropriés !


De l’agacement systématique dû à la fenêtre d’informations sur les cookies, qui s’ouvre au début de chaque navigation sur internet pour vous inciter fortement à « Accepter & Fermer » ! N’y a-t-il que moi pour prendre le temps de cliquer sur « En savoir plus » afin de « Tout refuser » ? Et je ne parle pas de la crispation que la manœuvre engendre quand ce dernier bouton existe bien mais ne veut pas enregistrer l’action, ou encore lorsqu’en version mobile, la moindre minuscule croix pour fermer une fenêtre est impossible à viser, même avec l’auriculaire et en retenant son souffle ! Tout ça, c'est pour respecter notre vie privée, qu'ils disent ! Ben on ne doit pas avoir la même notion du respect !


Quid de la recette de cuisine à laquelle on s’est joyeusement attelé, se félicitant d’avoir pour une fois tous les ingrédients, mais dont le résultat ne ressemblera jamais à l’original parce que l’on se rend compte trop tard – c’est-à-dire quand on a sali trois saladiers, une poêle, une casserole, un plat, une planche à découper et cinq couverts de toutes tailles – qu’il manque justement l’ingrédient principal ! Un bœuf bourguignon sans vin rouge, un gâteau au chocolat sans farine, des pâtes au pesto sans basilic... vous avouerez qu’on est loin du compte !


Du moustique champion du monde du camouflage, que l’on entend roder autour de nos écoutilles pendant des heures sans jamais parvenir à le localiser et qui ne manquera pourtant pas de laisser sur notre épiderme un charmant souvenir, voire plusieurs, qui nous démangera ensuite durant des jours.


Et le rouleau de papier toilette bien en place dans le dévidoir, mais surtout bien dépouillé ! Si c’est votre jour de chance, il vous délivrera une ou deux feuilles (si elles ne sont pas collées au carton), si vous avez le fâcheux sentiment que depuis le début de la journée tout se ligue contre vous, vous n’aurez plus qu’à implorer le dieu de la dignité pour qu’il vous ait laissé un rouleau neuf à portée de main.


Que dire aussi du flacon de gel douche ou de shampoing opaque et complètement vide, que l’on découvre ainsi lorsque l’on est déjà mouillé de la tête aux pieds ? De la brique de lait ouverte que l’on saisit dans la porte du frigo, vide, évidemment ! Du paquet de biscuits sur lequel on se jette à 16 heures (Un peu de volonté, bon sang !) en y pensant pourtant depuis de longues heures… rangé vide, lui aussi ! Du flacon de liquide vaisselle qui rend sa dernière goutte alors que la liste des courses que vous avez faites la veille ne le mentionnait pas ! Grrr… Et j’en passe…


Oui, véritablement, ces tout petits riens peuvent irriter l’humeur du quotidien, on est tous d’accord là-dessus, et selon le degré de patience de chacun, amener à un énervement disproportionné. Mais ils sont aussi autant de petites épreuves rudement formatrices pour notre lâcher-prise.

Alors, si on en faisait un challenge !

Apprendre à se maîtriser, plutôt que de vouloir tout maîtriser. À relativiser et accepter les petites contrariétés pour mieux les vivre ! Parce que vous l’aurez compris, sur l’échelle de la gravité, il n’existe aucune graduation pour ces tout petits riens.

Et c’est bien dans un bon bain d’humour que j’ai plongé mon post du jour !



* Chick lit : romans et comédies sentimentales écrites par des femmes et s'adressant à un public féminin.

** Feel good : qui fait du bien. En somme, un roman présentant une vision optimiste de la vie au travers d'une histoire réjouissante, divertissante, mais traitant de sujets sérieux (amour, amitié, famille...)



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