Ça ne se fait pas… et pourtant, on ne se gêne pas pour le faire !
On le sait, notre existence tout entière est conditionnée par notre éducation, les valeurs et principes inculqués depuis notre tendre enfance par des parents soucieux de faire de chacun de leurs enfants quelqu'un de bien. Forts de cet héritage, les adultes façonnés que nous sommes ont parfaitement compris alors ce qui se fait et ce qui ne se fait pas.
La convenance, la courtoisie, l'éducation, le respect, la conformité et bien d'autres codes de conduite guident l'individu dans ce qui se pratique lorsque l'on est bien élevé. Ça se fait d'être poli avec autrui ; de ne pas mentir ; de porter des fleurs lorsque l'on est invité ; de bailler ou éternuer en silence ; de ne pas jeter son mégot par terre ; de ramasser dans la rue les crottes de son chien ; de respecter la loi ; d'avoir de bonnes manières, un minimum de civisme, de compassion, de solidarité, etc.
Mais finalement et en opposition, doit-on absolument considérer celui qui sait mentir, cacher, critiquer... comme un malotru ? Attention, il est nullement question ici de la notion – ô combien blâmable à mes yeux – d'illégalité ou d'interdit ; je ne suis justement pas paramétrée pour accepter les transgressions. Ce que je veux dire, avec sourire et légèreté, c'est que les petites dérives de l'existence constituent la nature humaine ; c'est ainsi, bann kamarad !
Sans plus attendre, découvrez ce qui n'est donc pas censé se faire, mais que l'on fait quand même, sans risquer la potence, en minimisant finalement les faits et/ou les retombées, parce que s'il s'agit de se sortir d'une situation embarrassante ou d'en vivre une comme on l'entend et non comme il faudrait, notre instinct est parfois "drôlement" déviant !
Allez, osez me dire qu'aucune des situations suivantes ne vous parle, je ne vous croirai pas !
Mentir à sa mère au téléphone en prétextant une gastro ou une sciatique (plus sûr car plus long à guérir) pour éviter un déjeuner dominical.
Repérer une place de parking dans l’allée B alors qu’on se trouve dans la C et qu’on tourne en vain depuis cinq minutes, accélérer, faire le tour sur deux roues et s’introduire dans ledit emplacement au moment même où un papy qui attendait patiemment son tour enclenche la marche arrière pour s’y garer. Se dépêcher de descendre et ramper jusqu’à l’entrée du supermarché, ni vue ni connue.
Prétexter, juste après le café lors d'un repas de famille, une envie pressante d'aller aux toilettes pour éviter la corvée de desserte, vaisselle, rangement. Prendre son temps, bien sûr, et ne sortir si et seulement si tout est redevenu calme de l'autre côté.
Se ruer la première sous la douche, tous les matins et dès le second jour en vacances à la montagne entre potes, parce que justement, le premier jour, tout le monde a constaté que le minuscule ballon d'eau chaude ne contenterait pas tout le monde.
Beugler en voiture comme une charretière, toutes vitres ouvertes, lorsque le feu passe au rouge sous notre nez. Même en tailleur et escarpins, avec l’allure top glam d’une working girl, la grossièreté c’est pas classe du tout !
Abuser des mojitos et gins to’ à la pendaison de crémaillère de Charlotte et Hugo jusqu'à en perdre tous ses moyens. L'ambiance, la musique et les petits fours ont beau être au top, ça ne justifie pas notre pathétique descente. Pire, on sait très bien qu’on le regrettera le lendemain au réveil, une fois de plus.
Se transformer en pirate, non pas des Caraïbes ni en voleur de la recette du couscous Tipiak, mais pour télécharger les films à l'affiche qui n'arriveront jamais jusqu'ici ! La majorité des programmations à Maurice sont des blockbusters américains et des Bollywood, alors bon... c'est pardonnable, non ?
Ne rien dire lorsqu’au restaurant l’adorable serveur nous porte l’addition et qu’il a manifestement oublié de nous compter la bouteille de pif à cinquante euros ! Se dépêcher de régler, laisser un généreux pourboire (c'est un peu le minimum !) et se casser.
Se laisser aller – dans une absolue discrétion – à une (légère) flatulence, en prenant soin de ne pas bouger un cil ni de soulever les couvertures. Pas vu, pas pris !
Jurer avec aplomb à son homme qu’on n’avait pas remarqué que le pare-chocs arrière de la voiture était embouti, et insulter le satané chauffard qui sera parti sans laisser d’adresse, tout en vérifiant que le pilier du portail ne livrera aucune preuve.
Jeter feu Bubulle dans les toilettes, déchirée par la terrible culpabilité de ne pas avoir changé l’eau du bocal depuis trois semaines, mais aussi satisfaite que soulagée d’avoir trouvé un article super complet sur « La crise cardiaque chez les poissons rouges ».
Déclarer avec certitude que « Non, ça fait un moment qu’il ne reste plus de chocolat dans le placard ! » et tenter de masquer toute la journée à son chéri totalement frustré la crise de foie qui nous punit d’avoir bouffé en cachette la dernière tablette.
Se gratter les couilles, impunément, à n’importe quel moment de la journée, n’importe où, en présence de n’importe qui. Celle-là, c’est mon cher et tendre qui me l’a soufflée, fier de sa trouvaille on ne peut plus dans le thème. Le pire, c’est qu’il assume totalement !
Se gratter le cul... parce que ça démange, tout simplement, et que l'on ne choisit pas le moment !
Profiter d’être seule un instant – même furtif – pour se curer les naseaux parce qu’une crotounette vibre à chaque respiration et nous gêne, et être évidemment bien embêtée avec ladite kakine aplatie entre le pouce et l’index quand notre moitié se pointe pour nous tendre une bière.
Piquer un sprint devant les caisses du supermarché, avec son caddie bondé, pour passer devant la ménagère, repérée de loin, qui s’avance gentiment vers la caisse qui vient d’ouvrir, et s’insérer in extremis pour se dépêcher de poser ses victuailles sur le tapis. Preums !
Coucher le premier soir, pour une fille, cela va de soi ! Car pour un mec, la chose est plutôt à classer dans ce qui se fait !
Garantir à son boss qu’on n’a jamais reçu l’avis amiable de recouvrement de l’Urssaf (effectivement présent dans la boîte mail et malencontreusement passé à la trappe) pour tenter de lui faire avaler qu’on n’est en rien responsable du courrier de mise en demeure qu’il nous agite sous le nez. Ne pas céder à la panique, supprimer ledit le courriel et se dépêcher de vider sa corbeille !
Certifier à une copine qui vient de claquer cent-cinquante euros dans une permanente chez Luigi, la star des coiffeurs de la ville, que oui, ça rend pareil que sur Shakira, alors que le résultat la fait ressembler à Nellie Oleson !
Faire croire par SMS à notre copine de yoga dépressive que notre portable est en silencieux depuis dix jours et qu’on n’a donc pas pu l’entendre sonner, en rajoutant qu’on l’avait d’ailleurs perdu et qu’on vient juste de remettre la main dessus.
Accuser le chien, avec sa grosse queue qui balaie tout sur son passage, d’avoir cassé la fragile figurine de collection Captain America de son chéri, numérotée, sculptée et peinte à la main. Ne surtout pas avouer qu’on a énergiquement agité le plumeau à poussière sur ledit Marvel alors qu’on nous l’avait strictement interdit.
Tomber chez H&M sur une petite veste « fin de série » ressemblant à s’y méprendre à celle qu’on a repérée hier dans Cosmo au triple du prix, et faire croire à Géraldine que c’est une Claudie Pierlot, obtenue à -70% aux dernières ventes très très privées.
Oublier de rappeler à Chouchou qui rentre de deux semaines de déplacement légèrement « jetlagué » que le match de foot du siècle, c’est ce soir, et prévoir en lieu et place une bonne petite comédie sentimentale comme on les aime. De toute façon, il est tellement claqué qu’il ronflera au bout de dix minutes, alors le match, c’est sûr, il ne l’aurait pas vu jusqu’au bout !
Se moquer ouvertement de la photo du permis de conduire (par exemple) de quelqu’un, sans se douter une seconde qu’il puisse l’associer à une période de sa vie qu’il préfèrerait oublier. Un appareil dentaire, des boutons d’acné ou une coupe de cheveux ratée, ce sont des souvenirs honteux. Pourtant, c’est plus fort que nous, faut qu’on se marre... et qu'on insiste !
Ne pas prévenir Noémie, notre ennemie jurée au bureau, lorsqu’elle se pointe lundi à la réunion hebdomadaire de 14:00 qui réunit tous les collègues du service avec une belle feuille de persil plat coincée entre deux incisives frontales.
Se pointer au mariage de notre cousine Élodie, celle qui a toujours tout fait mieux que nous, avec une magnifique robe cocktail blanc nacré et une coiffure de star, en arborant un air faussement gêné (mais en réalité incroyablement triomphant) à chaque fois qu’un invité nous prend pour la mariée.
Raconter, lors d’un déjeuner avec Marjolaine, ce qui nous a récemment déçu chez Clémentine. Expliquer à Clémentine autour d’un petit dîner ce qui nous agace ces derniers temps chez Marjolaine.
Jeter un œil – désintéressé – sur le portable de votre homme qui traîne sur la table du salon, et lui dire, lorsqu’il vous surprend, que c’était pour regarder l’heure.
Expliquer à sa voisine en lui rendant les clés au retour de sa semaine de vacances qu’on ne comprend pas comment son Monstera Deliciosa (sa magnifique plante exotique d’intérieur) a pu crever, en se gardant bien d’avouer qu’on a totalement zappé de l’arroser.
S'exclamer, en sortant des toilettes de la salle de livraison des bagages de l'aéroport, devant une file de voyageurs attendant leur tour, que le précédent s'est "un peu" lâché et que "ça ne sent pas la violette", pour se dédouaner d'avoir sinistré la zone. Les plateaux repas dans les avions nous font l'effet du Destop, on n'y peut rien !
Affirmer qu’on n’a absolument rien touché et qu’on ne comprend pas pourquoi ça ne marche plus. Qu’on ne sait pas du tout ce qui a bien pu se passer !
Ça... c’est valable pour tout !