
Le sourire aux livres
Delphine Raimond, en direct de l'Île Maurice
Marie d'en haut
Agnès Ledig
Ma deuxième lecture d’Agnes Ledig, après Juste avant le bonheur, parce que je ne lâche rien et que j’ai appris, avec l’âge et la maturité, à donner plus facilement des secondes chances aux gens talentueux. Comme je vous l’écrivais, j’aime le style littéraire de cet auteur, sa fluidité dans l’écriture, ce qu’elle met de romanesque dans le réalisme (plus que l’inverse). J’espérais juste que tout ne soit pas dit dans la présentation de l’ouvrage…
L'histoire :
C’est une enquête de routine qui mène le lieutenant de gendarmerie Olivier Delombre chez Marie Berger, propriétaire caractérielle et coriace d’une ferme sur les hauteurs du village. Surpris par ce joli bout de femme à l’opposé du stéréotype de l’agricultrice en tablier, Olivier semble troublé. Lorsqu’il revient chez Marie avec la ferme intention de lui prouver qu’elle n’est pas en sécurité chez elle, il se retrouve ligoté, quelque peu obligé de reconnaître qu’elle n’a besoin de personne pour se défendre.
Mon avis:
Si je m'étais arrêtée à la couverture, je n'aurais pas ouvert le livre ! Le côté Martine à la ferme n'est pas très inspirant. Pour être complètement honnête, ce n'est pas non plus le résumé qui m'a séduite ; je ne le trouve pas vraiment conforme à l'histoire. C'est surprenant d'ailleurs. C'est donc bien pour l'auteur que j'ai replongé.
Les personnages sont finement dépeints et le décor est planté. À priori, une sympathique histoire contemporaine qui pourrait encore une fois être la nôtre. J’ai aimé l’enchaînement des chapitres au travers desquels, tour à tour, Marie et Olivier sont les narrateurs. En entrant dans leurs pensées, le lecteur découvre la vision subjective des deux protagoniste sur une même scène, et leur ressenti, finalement pas si éloigné. La présence d’Antoine, le meilleur ami de Marie, ainsi que Suzie, son adorable fillette de 5 ans, apportent au récit valeur et fraîcheur. Une pointe d’humour – ce qu’il faut – rend tous les personnages attachants, même si parfois, les pensées sexuelles d’Olivier sont un tantinet lourdes et dérangeantes. Au passage, les scènes érotiques manquent de sensualité.
En résumé, j’ai retrouvé dans ce roman – différent des autres d’Agnès Ledig car plus coloré et positif – la délicatesse de sa plume dans une écriture joyeuse et envolée. Cependant, tous les ingrédients de ce bon roman feel good sont quelque peu balayés par l’aspect bluet d’une romance « téléphonée » que la quatrième de couverture nous révèle sans surprise. Quel dommage ! Car si l’histoire nous réserve tout de même quelques pépites, il est regrettable de ne pas trouver davantage d’obstacles dans l’aventure commune de toutes ces vies cabossées par une enfance et un passé douloureux et atypiques. De ce fait, la fin est encore une fois facile et n’offre pas de frisson particulier. Personnellement, j’en attendais plus.
Un très agréable moment de lecture cependant, qui remplit ses fonctions et nous offre détente et émotion. Malheureusement, il se lit trop vite.