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Et que ne durent que les moments doux

Virginie Grimaldi

Ah ! Les retrouvailles avec Ginie ! Que du bonheur !

C’est mon amie Caro qui m’a offert ce roman à son retour de France en septembre, je pense qu’elle était aussi impatiente de me l’offrir que moi de le lire. Et pour cause : encore du grand Grimaldi !

L'histoire :

D’un côté, une mère dans l’épreuve terrible de la prématurité : sa petite fille est née trop tôt et doit s’accrocher à la vie, comme elle à l’espoir.

De l’autre, une mère légitimement protectrice, très proche de ses enfants, se retrouvant seule et non préparée lorsque son cadet quitte aussi le nid.

Mon avis:

Une histoire – ou deux histoires – simple, universelle. L’amour maternel, le bonheur, le don de soi jusqu’à l’abnégation, la douleur et la solitude, aussi. Mais pas que, et loin de là ! Les personnages sont attachants ou détestables, leur tempérament est subtilement renseigné et dépeint, et l’on assiste dans un rythme parfait aux processus de l’évolution, la réflexion, la transformation, la construction.

La narratrice est tantôt Élise, mère « formidable » aux dires de ses deux grands enfants, à l’aube de ses cinquante ans, plongée brutalement dans sa nouvelle vie de femme célibataire observant avec fierté et tremblements le bonheur de ses enfants devenus grands et indépendants. Elle doit maintenant apprendre à vivre seule, ou presque, puisque le truculent Édouard (le chien) est là, apprendre à vivre pour elle.

Tantôt Lili, jeune maman perdue, désemparée, si peu armée pour vivre le cauchemar des parents de prématurés, arpentant jour et nuit les couloirs blancs aseptisés du service de néonatologie, ses boxes de réanimation, ses tuyaux, tubes et autres machines terrifiantes, bruyantes, pour maintenir en vie ces petits êtres arrivés trop tôt et les aider à se battre pour ne pas le regretter.

La gravité du dernier sujet, traité d’une manière aussi incroyablement réaliste qu’éblouissante, pourrait effrayer, rebuter, déplaire ; il n’en est rien tant l’écriture est maîtrisée pour nous porter page après page vers une émotion indescriptible, entre sourires et larmes. La banalité du premier sujet est quant à elle magnifiée et cocassement humanisée. Parce qu’encore une fois, le talent de l’auteur réside bien – entre autres, évidemment – dans l’humour qu’elle s’emploie à distribuer avec générosité. L’on retrouve ici tous les ingrédients magiques que Virginie met dans chacune de ses recettes du succès. Force est de constater que non seulement c’est un atout extraordinaire que de savoir manier ainsi cette forme d’esprit, mais il s’agit aussi et surtout d’une carte rare dans le monde de l’écriture lorsque l’humour (le vrai, celui qui fait que bêtement lorsque vous lisez du Grimaldi vous vous esclaffez tout seul) côtoie avec autant de justesse, de symbiose et de sensibilité toutes les autres émotions.

Drôle, ça oui, très drôle même, comme tous les romans de l’auteur, mais aussi humain, vrai, bouleversant.

Vous l’aurez compris, Virginie Grimaldi possède selon moi tous les talents d’un bon écrivain, des aptitudes que je jalouse affectueusement tant son style me parle et m’inspire.

Je ne peux résister au plaisir de vous livrer quelques messages plus profonds, quelques bribes lourdes de sens, ces mots qui font forcément écho en nous et qui côtoient avec pertinence l'humour sacré de l'auteur :

« Mon existence est en noir et blanc et j’attends, immobile sur mon canapé, le retour des couleurs. Peut-être est-il temps de sortir les feutres. » « Un jour, tu n’attendras plus des autres qu’ils te rendent heureuse. Tu te feras ce cadeau toute seule. » « La vie se trouve juste derrière la peur. » « La seule personne qui a l’obligation de te rendre heureuse, c’est toi. » « […] j’apprécie ces nouveaux rendez-vous avec moi-même. Je me suis manqué. » « Un jour je te parlerai de ces personnes qui ne font que traverser notre vie, mais la marquent à tout jamais. Un jour, je te raconterai ces rencontres éphémères indélébiles. »

J'aurais donc pu ajouter une foule de répliques hilarantes pour vous démontrer le talent de l'artiste consistant à produire deux émotions distinctes en quelques lignes, mais je vous laisse découvrir tout ça par vous même. 

 

Comme autant de messages douillets, de paroles sages entrecoupées d’un humour mondialement connu à présent, l’auteur nous livre encore une pépite. Un roman qui fait du bien, qui fait vibrer et résonner. Et que ne durent que les moments doux est aussi exquis que les précédents… peut-être même plus abouti, plus asservi, plus profond.

Bravo, Ginie !

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