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Au petit bonheur la chance !

Aurélie Valognes

Restant sur la bonne impression (tout de même) de Minute, papillon ! et attendant surtout d'être agréablement surprise par le suivant, je me suis lancée confiante dans le récit des aventures de Jean et mémé Lucette, réunis pour les vacances de l'été 1968.

L'ambiance n'est plus la même, certes, puisque l'on fait un petit bond dans le passé (et dans une époque que j'aime), mais justement, le résumé me séduit et promet tendresse et émotion. Alors je fonce !

Mais... c'est déçue que j'ai (difficilement) terminé le roman.

L'histoire :

Jean, petit bonhomme de 6 ans, rêveur et tendre, se retrouve du jour au lendemain chez sa grand-mère maternelle à Granville au bord de la Manche pour y passer l'été avant d'être récupéré par sa maman, partie chercher le travail et le logement dans la capitale.

Le quotidien s'organise dans la vie déjà usée de mémé Lucette que ce petit gars vient bousculer ; les sorties au cimetière, les messes et la passion de mémé pour le tricot sont alors le nouvel univers du garçonnet. Entre l'attente inlassable de sa maman et la dureté des conditions de vie de la fin des années soixante dans le quartier du "Calvaire", tout en haut de la côte de la gare, le petit Jean va devoir s'adapter ; pas le choix ! 

Mon avis:

L'histoire part très (trop) vite et mémé Lucette, que l'auteur n'a pas vraiment réussi à rendre attachante, n'inspire en fait pas grand chose émotionnellement. Je me souviens m'être dit alors, que le personnage de Jean – mieux décrit, peut-être – rattraperait l'intérêt de l'intrigue. Après tout, le décor bien triste était planté et l'on pouvait s'attendre à de belles surprises découlant de cette relation entre une mamie veuve et un peu dépassée et son gentil petit-fils se retrouvant seul. Je ne suis jamais rentrée dans une quelconque complicité entre les deux protagonistes, à part à la toute fin, mais j'imagine que ce n'est pas ce qu'a voulu nous livrer Aurélie Valognes. Dommage. 

Le ton est neutre et superficiel, l'écriture trop scolaire : décevant. J'attendais des sentiments, de l'émotion, un attachement... que je n'ai pas eu. Jean a 6 ans mais parle comme un adulte ; non pas qu'il soit avancé ou plus mature, mais plutôt qu'à mon avis, l'auteur n'a pas suffisamment travaillé son langage d'enfant, sa légèreté, sa fraîcheur. L'histoire en perd toute crédibilité et il y a même des moments où l'on relit ses interventions dans les dialogues pour être sûr que c'est bien lui qui parle. L'humour qui fait le succès de l'écrivain s'est fané, malgré quelques tentatives, c'est bien regrettable. J'ai le sentiment d'être passée à côté de toutes les émotions qu'aurait dû vivre Jean, injustement abandonné. Tout ceci n'est pas approfondi et le récit entier ne fait que survoler des situations pourtant graves et les ressentis de chaque personnage. Idem pour la période dans laquelle l'histoire se déroule : les années soixante sont riches de beaucoup d'enseignements culturels, sociologiques, historiques... rien n'est développé, ni même vraiment expliqué. Seules les dernières pages "POUR VOUS EN DIRE PLUS" évoquent très brièvement et de manière personnelle les conditions de vie des femmes à cette époque, et c'est l'auteur elle-même qui nous en parle. Mais la vraie question est : est-ce réellement ce sujet qu'est censé aborder le roman ?

J'attendais autre chose de la plume d'Aurélie Valognes quant à l'histoire, en lisant, entre autres, sur la quatrième de couverture : " Ensemble, ils découvrent que ce sont les bonheurs simples qui font le sel de la vie." Mon plaisir a été gâché car je n'ai, à aucun moment, trouvé ce que je cherchais : ni récit des bonheurs simples, ni fantaisie, ni sensibilité ou affection particulière.

La fin du roman est un peu trop facile à mon goût et l'on tombe dans un sacré cliché, une sensation de travail bâclé.

Allez, une fois de plus, je ne lâche rien. J'insèrerai dans mes futures lectures un autre roman de l'auteur, histoire de me donner une chance d'y retrouver son style léger, fluide et humoristique qui fait son succès. Après tout, on a tous le droit aux erreurs de parcours ! 

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